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L’autre message du Colibri

Assis devant une haie d’hibiscus rouges, je regarde s’affairer quelques colibris, toujours très pressés et concentrés, passant de fleur en fleur en recherche du précieux nectar. Leur plumage irisé, noir ou émeraude, si contrasté avec la sensation offerte par les énormes pétales, est un ravissement pour les yeux, un enchantement du coeur.


Vous connaissez probablement la métaphore du colibri, qui “fait sa part” pour lutter contre l’incendie, en transportant sa petite goutte d’eau.


Elle nous parle de la responsabilité individuelle, du pouvoir que nous avons tous, de changer le monde en se changeant soi-même.


Cette idée me traversait l’esprit lorsqu’un autre point de vue s’imposait à mes sens. Immergé dans la nature vivante et vibrante, une autre intelligence peut venir en soi, hors des sentiers battus, des livres et idées reçues (aussi belles soient-elles).


Cet autre point de vue venait des colibris eux-mêmes, de leur indifférence à tout ce qui n’était pas leur intense activité de l’instant : ils se nourrissaient et absolument rien d’autre ne touchait leur attention, aucune autre sensation ne les influençait.


Je percevais qu’ils avaient un besoin fondamental, viscéral, naturel, indispensable à leur existence, et que le sens de leur existence s’y trouvait tout entier concentré.

Pour être, ils devaient être des colibris.

Pas de philosophie, de théories, d’autres réalités, d’autres “plans de conscience”. Pas non plus d’autres points de vue, d’autres “actualités” ou “informations”. Ce que vivaient les arbres, les animaux, les innombrables formes de vie autour d’eux ne changeaient rien ; ils devaient être des colibris et pour cela, butiner frénétiquement tout ce qui leur était possible.


Puis, mon attention et mon coeur s’élargirent à toute cette nature vibrante de vie, fourmillante d’activités : de la petite pousse aux arbres immenses, du moucheron aux serpents, tout un chacun était occupé à être, et donc faire ce qu’il était. L’araignée tissait sa toile, le vautour planait, la colombe roucoulait.



En quoi étais-je différent d’eux tous ? Étais-je moi aussi en train d’être, et donc de faire ce que je suis ? Ou étais-je en train de penser à l’incendie, à agir pour l’arrêter, à “faire ma part” pour le désastre mondial, aux catastrophes (naturelles ou humanitaires) en cours, aux solutions possibles pour les souffrances dont les cris emplissent l’âme de l’humanité ?

L’homme a projeté sur le colibri ses préoccupations, l’incendie de la fin de son monde qui le plonge dans le désarroi et la colère. Ces colibris, devant moi, n’avaient que faire de quiconque, de quoi que ce soit d’autre. Ils étaient trop occupés à être ce qu’ils étaient, à faire ce qu’ils devaient pour cette belle journée, être sur la terre, dans l’âme du monde, les magnifiques et minutieuses petites créatures qu’ils sont.


Cet état de conscience amène en moi un sentiment de responsabilité. Non pas face au monde ou aux autres, mais bien face à moi-même et la Vie qui m’anime. Dois-je cesser de vivre ma vie pour éteindre les incendies que des pyromanes professionnels jouissent à voir tout détruire ?


Si ma vie dépend du monde artificiel, il se peut que mon intérêt soit en effet de m’impliquer pour éteindre ce qui le détruit, afin de le prolonger pour les “générations futures” d’enfants de la matrice.

Si au contraire la Vie en moi provient de la Terre-Mère, source unique de réalité, alors je peux avoir confiance qu’en vivant ma vie réelle, tout sera juste et bien.

Devenez ce que vous êtes, et enchantez le monde de votre belle présence !

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