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Le jeune homme au feu rouge

Au carrefour devant la double file, le jeune homme s’est mis à jongler avec des masses. Il était très doué. Ses tatouages et piercings lui donnaient l’air qui convient aux artistes de rue. Ce feu était assez long et j’étais le premier de la file de voitures. Je l’observais donc plus attentivement, plus subtilement.


Ses gestes étaient saccadés, presque colériques. Il se donnait vraiment du mal pour impressionner mais sans fierté ni plaisir. Son visage était marqué comme celui d’un homme qui a déjà vécu beaucoup de choses. Le genre de choses qui sont des poids pour l’âme, des cicatrices pour le coeur.


Son contact avec le monde était âpre, amer, et malgré son jeune âge, son avenir était quasiment absent. Non pas qu’il n’ait pas de futur mais lui-même ne se projetait dans rien : il était limité au moment présent. Tout son être était là, dans une sensation du monde et de la vie tellement blessée qu’il ne pouvait se projeter dans rien d’autre que son passé. Oui, les images de son passé étaient le décor de son futur, et il semblait bloqué dans une journée sans fin.


Le jeune homme connaissait ce carrefour et la durée des feux. Il finit son numéro de jonglage et s’avança vers les voitures. Curieusement, toute son attitude disait "je sais que vous n’allez rien me donner". Et son visage, bien que harmonieux et intelligent, n’inspirait aucune sympathie.


Il me touchait et j’ouvris ma fenêtre fouillait mes poches à la recherche d’un billet que je lui tendis comme un bon souhait, un médicament, un encouragement à ne pas se laisser glisser.


Il fut très surpris de mon geste et cela provoqua en lui une forte émotion. Mais son être intérieur était tellement confus enfermé que même cette énergie positive ne put délivrer son message d’espoir. Il me remercia pour la forme, mais il montra le billet à toute la file d’automobilistes impatients : mon geste était la preuve que son talent n’était pas reconnu, que la vie ne lui faisait pas de cadeau, que ce monde était bien celui de l'égoïsme et de l’indifférence.


Son triangle intérieur (ses pensées, sentiments et désirs) étaient organisés comme une serrure capable de ne recevoir que la confirmation de sa souffrance.


D’une manière encore plus subtile, je perçus que tout cela n’était même pas sa vie. Oui, son destin était autre, son potentiel ailleurs. Il n’était pas jongleur, artiste. Il n’était pas ce tatoué marginal. Mais il portait en lui une mémoire de la Lumière. Et c’est pour celà qu’il se retrouvait dans ce cul-de-sac, cet enfermement souffrant. Comme beaucoup d’âmes lumineuses, il portrait en lui un grand potentiel d’expériences mais avait été accueilli dans un monde étrange où l’humain n’a pas d’autre intérêt que d’alimenter une matrice artificielle.


Comme il se souvenait de la réalité, il refusait d’y participer et avait progressivement rejoint les rangs des inutiles au système. Sa façon à lui de résister à l’anéantissement, de lutter contre ce monde de compromis où il faut renoncer à soi-même, était d’exprimer un acte libre au beau milieu d’une ville. Oui, aussi dérisoire que cela puisse paraître, il cherchait à incarner une sorte de résistance, à être le témoin d’une liberté dont il se souvient mais que tout le monde semble avoir oublié.


Je suis très triste de cette rencontre car une fois de plus, je perçois la violence de ce monde qui pose de tels poids sur les petites graines que nous sommes tous, qu’il est souvent impossible de germer. Cela ne fait que renforcer ma détermination bien sûr, mais le constat est difficile.



Ami, toi qui me lit, je sais que tu fais partie de cette infime minorité qui a germé, qui s’est éveillé et parcours ce chemin de reconquête intérieure. Nous sommes les “happy few” de ce monde. Mais les pertes dans nos rangs sont terribles, car nos frères, nos soeurs d’âme errent dans le monde à la recherche d’une source de vie. C’est un geste, un regard, une authenticité de notre présence.


J’ai été authentique dans celui qui, l’espace d’un instant, a relié ma main à celle du jeune homme au feu rouge. Et je souhaite de tout mon coeur que ce contacte déclenche une réaction en chaîne dans sa vie. Car il le sait : il est digne et sa vie est sacrée. Mais il ne sert à rien de l’affirmer en réaction à ce monde artificiel. Il faut au contraire reprendre place parmi le réel et rejoindre ceux et celles qui partagent cette envie de vivre.


C’est mon invitation : agir sur cette vie intérieure pour se libérer, se guérir, et finalement être capable de fonctionner comme une cellule saine dans ce merveilleux organisme que l’on appelle la Vie.


Je prends l’avion dans quelques heures. J’ai tellement de choses à partager avec vous sur ces trois mondes intérieurs et leur potentiel toxique ou thérapeutique !


Je sais déjà que ces trois week-ends “Le Secret des Trois Monde” passeront très vite mais ensemble, nous poserons les bases d’un enseignement pratique libérateur.


C’est en pensant à ce jeune homme du feu rouge, une âme de lumière perdue dans un désert artificiel, que je puiserai la motivation d’apporter la guérison et la paix.

1 Comment


Au cœur du tumulte de ce monde, nous sommes de plus en plus à nous « réveiller » de ce long sommeil, affrontant toutes nos croyances, nos conditionnements, nous dépouillant de tout ce que l’on croit être pour retrouver notre souveraineté créatrice divine, et chaque étape est une initiation. Sur ce chemin, surgit parfois la magie d’une rencontre, un regard échangé dans un moment de fragilité, une parole qui résonne particulièrement, une main tendue avec un billet… Comme le petit colibri avec sa goutte d’eau, l’infime minorité que nous sommes, grâce notamment à tes enseignements, apporte ses étincelles de guérison et d’amour, et cette matrice artificielle perd alors de son pouvoir et devient insignifiante face à la magnificence de ce que l’on…

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