L’apocalypse a commencé
- Guilhem Cayzac

- 3 sept.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 sept.

L’apocalypse, cette “révélation”, est le moment où nous sommes à la fois désillusionnés et édifiés.
L’épais est séparé du subtil, le décor en trompe-l’œil s’effondre.
L’apocalypse est un moment double : d’un côté ce que nous avons cru réel, et de l’autre ce qui finalement est bien réel. Entre les deux, nos esprits désemparés, nos cœurs blessés, nos corps hésitants…
En repensant à ces années passées, où nous avons dû nous plier aux obligations les plus absurdes, j’ai le sentiment qu’un réveil-matin a sonné la fin du rêve. Lorsque nous nous rencontrons (encore il y a peu pour Le Secret des Trois Mondes), nous continuons à parler de cette période incroyable, et de nos réactions, prises de conscience, de nos colères et de nos désillusions.
On m’avait dit que cet événement avait un aspect positif car il avait permis à tant de monde de s’éveiller, de prendre du recul, de faire une pause dans le tourbillon du quotidien. Et je vous avoue que je n’étais pas de cet avis. Je pensais au contraire que nous, l’humanité, avons déjà vécu tant de drames qu’il n’était pas besoin d’un énième épisode de cette série tragique sans fin.
Aujourd’hui, je rencontre tant de personnes pour qui ces deux ans ont été un coup de marteau, une table rase, un seau d’eau glacé, que je repense autrement à ces événements mondiaux.

Force est de constater que de mémoire d’homme, jamais une situation ne s’est mise en place de façon aussi globale et violente.
La coordination parfaite des médias, des gouvernements, des agences de communication, de l’industrie pharmaceutique, des organisations internationales… a été proprement hallucinante.
Tout comme les solstices, les équinoxes et les changements de saisons, certains mouvements cosmiques s’enclenchent de façon fatale. L’une après l’autre, toutes les illusions d’un monde fonctionnel se fissurent, voire explosent sous nos yeux : la science œuvre pour notre bien, les gentils gouvernements démocratiques, les méchantes dictatures, la justice efficace, les droits de l’homme, les négociations de paix, les ministères de l’éducation, l’éradication des maladies grâce aux progrès médicaux, l’amélioration de notre vie par l’économie, les agences de presse qui nous informent du réel, etc.
Tout cela pâlit irrémédiablement sous nos yeux ébahis.
Comme certaines pleines lunes provoquent des marées exceptionnelles capables de remodeler le paysage, nous entrons dans une phase où nos repères disparaissent, nos certitudes sont ébranlées. Le temps est venu de l’accepter et de quitter ces zones pour laisser le temps défaire ce qui n’était pas réel.

C’est une opportunité pour se rapprocher du réel dans notre vie, chercher le socle rocheux sous la vase instable, les hauteurs inatteignables aux raz-de-marées. Et pour ce faire, il n’est pas réellement possi
ble de rester les yeux fixés, la bouche bée devant tout le bruit et la fureur de ce déluge du monde artificiel. C’est sur cette fine ligne qu’il faut marcher, toutes nos énergies concentrées pour notre propre survie, pour nous enraciner dans le réel, le vrai, l’intemporel.
Ce n’est pas un abandon de l’autre, mais une stabilisation intérieure qui pourra être utile à l’autre. Ce n’est pas une indifférence à la souffrance mais une connexion à la paix réelle, qui se partage et se multiplie comme le bon pain. Ce n’est pas un isolement mais une reliance à tout ce qui dans l’univers demeure vivant, sain et beau, porteur d’un futur fonctionnel et renouvelé.
Alors, le travail sur soi, la recherche spirituelle, la connaissance et l’expérience d’autres réalités… tout cela est-il une démarche de bobo blasé et déconnecté du réel ? Perché dans des paradis artificiels d’un nouvel âge pour bisounours ?
C’est au contraire une posture de résistant, d’hommes et de femmes d’action qui anticipent le futur avec sagesse et pragmatisme.
Cultivons cette fierté et cette dignité intérieure.
Votre ami sur le chemin,
Guilhem



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